Le point commun entre des départements juridiques en Lituanie, en Suède, au Brésil, aux Etats-Unis ou à Hong-Kong ? Un passage au télétravail quasi généralisé, souvent précipité. Pour le meilleur et pour le pire : pour six juristes de grandes entreprises étrangères, entretenir le lien social et la convivialité à distance n'a pas été chose aisée, mais de belles idées sont nées. Initiatives, leçons tirées et mode de travail souhaité pour l'après : ils nous racontent.
Neuf mois après le début de la crise, les juristes ont montré qu'ils avaient su s’adapter à leurs nouvelles conditions de travail. Bilan des courses : les tâches ont été faites - et bien faites -, malgré une charge accrue, une fluidité des échanges réduite et l’intrusion de l’entreprise dans la sphère personnelle. Mais, il y a un « mais ». Isolement, anxiété, fatigue, etc. : les effets secondaires du télétravail sont nombreux. Au Brésil, les chiffres de la dépression se sont envolés, indique d'ailleurs Marcela Coelho, compliance officer chez EcoRodovias, au Brésil.
Il y a bien des petites choses qui peuvent aider au quotidien, certes. Matt, senior associate dans un cabinet japonais temporairement basé à Hong-Kong, s'impose par exemple une routine sportive quotidienne et s'est aperçu que la musique pouvait l'aider à se relaxer... Pour autant, ces petites choses sont loin d'être suffisantes. A l'unanimité, ils confient regretter les interactions sociales et avoir réfléchi à plusieurs initiatives permettant de maintenir le lien. Les équipes ne rêvent aujourd'hui que d’une chose : pouvoir retourner au bureau. « C'est essentiel », affirment-ils.
Comme le souligne Simona Grinevičienė, chief legal and procurement officer de l'entreprise lituanienne Ignitis, « les managers ont compris combien il était important de parler et d'écouter les équipes ». Mais aussi de continuer à les voir : pendant les réunions, elle encourage ses collaborateurs à allumer leur caméra, en commençant par allumer la sienne. Elle se montrait plus flexible au début de la crise, mais à mesure que les mois ont passé, elle a réalisé qu'il était crucial de maintenir un contact visuel avec ses juristes. En gardant en tête, bien-sûr, qu'ils ont droit au respect de leur vie privée. Ceci étant dit, les inquiétudes pour la santé mentale des employés ne sont pas seulement l'apanage des managers d'équipes. Dès le début de la pandémie, son entreprise a mis en place des consultations tenues par un psychologues, et créé un numéro d'urgence pour les salariés.
Pour maintenir un lien, l'équipe de Caroline Falconer, legal counsel en Suède, a choisi d'instaurer des pauses café virtuelles tous les mercredis, pour discuter de sujets variés. Elle organise également des réunions chaque semaine, là où, avant la crise, ils ne se réunissaient qu'une fois par mois. Même son de cloche du côté de Marcela Coelho : son équipe se réunit toutes les deux semaines, alors qu'elle ne le faisait pas avant la crise. Chez ContentSquare ou Vinted, les réunions « one to one » sont aussi bien plus fréquentes.
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
Les cafés virtuels et les réunions ont été les premières solutions adoptées par les équipes pour maintenir un lien. Mais bonne nouvelle, les entreprises ont eu d'autres idées pour renouveler les interactions sociales, de façon 100 % virtuelle. Arnaud Gouachon, chief legal officer chez ContentSquare, raconte ainsi avoir été impressionné par la créativité de ses juristes, qui ont su proposer des activités pour conserver une ambiance chaleureuse au sein de l'équipe. A l'annonce d'une grosse levée de fonds, tous les employés de ContentSquare ont reçu, chez eux, une boîte à ouvrir pendant la réunion. A l'intérieur, ils ont pu trouver des ballons et une bouteille de champagne, pour célébrer le succès de la société. L'entreprise a également organisé un spectacle de magie virtuel et des ateliers de cuisine. Pour le directeur juridique, toutes ces activités ont permis de « créer un lien différent, peut-être plus familial ». Chez Vattenfall, l'équipe juridique a organisé une fête de Noël : une belle occasion de se retrouver pour danser et chanter par écrans interposés.
Pour Simona Grinevičienė, l'idée est simple : « permettre à l'équipe d'être une équipe et de rester une équipe ». En plus des cafés virtuels, les juristes d'Ignitis apprécient aussi de faire des jeux en ligne. Toujours en Lituanie, l'équipe des ressources humaines de Vinted a travaillé dur pour développer une palette variée d'activités destinées aux salariés, allant des cours de sport dispensés en visio par un coach aux activités dédiées aux enfants et aux team building financés par l'entreprise. Au sein du département juridique, Alya Bloum, legal counsel chez Vinted, indique que des déjeuners virtuels et des pauses cafés improvisées rythment désormais le quotidien des juristes.
Le travail à domicile, aussi pratique - et temporairement nécessaire - soit-il, ne compensera pourtant jamais les moments passés dans les locaux de l'entreprise. S'asseoir à son bureau, discuter avec des collègues, cultiver un sentiment d'appartenance à une équipe... Ce sont ces petits moments du quotidien professionnel que le télétravail ne peut pas offrir. La plupart des missions peuvent être accomplies à distance, c'est incontestable. Tous sont unanimes sur ce point. Mais il y a un autre point sur lequel les six juristes s'accordent : pouvoir aller au bureau est essentiel.
Caroline Falconer ne pourrait pas le dire plus simplement, elle « veut pouvoir retourner au bureau un jour ou l'autre ». Et ce n'est pas seulement important à l'échelle individuelle : les interactions sociales profitent à l'équipe dans son ensemble. C'est ce que pense Simona Grinevičienė, qui est persuadée que « les gens doivent vraiment se connaître et se voir pour être capables de travailler ensemble. Le travail est meilleur quand les collaborateurs ont le sentiment de faire partie de quelque chose ». L'organisation idéale ? Une semaine divisée en deux : un peu de télétravail, et un peu de travail au bureau.
Matt révèle que tout le monde, à son cabinet, rêve de « retrouver un équilibre ». Même Marcela Coelho, qui, pour l'instant, ne ressent pas particulièrement le besoin de retourner au travail - les avantages prennent le dessus sur les inconvénients, selon elle -, estime que lorsque la pandémie sera derrière nous, « il sera bon de retourner au bureau au moins deux fois par semaine », parce que « certaines choses se règlent plus facilement en personne ». Elle mentionne également un autre aspect intéressant des interactions physiques, qu'aucune réunion virtuelle ne pourra jamais remplacer : la possibilité de pouvoir observer le langage corporel de l'interlocuteur.
Désormais, leurs entreprises réfléchissent toutes à l'après. Et aucune d'entre elles ne devrait retenir une organisation qui reposerait uniquement sur le télétravail. En réalité, elles semblent toutes avoir la même image en tête : celle d'une balance entre les deux modes de travail qui permettrait aux employés de choisir le rythme qui leur convient le mieux.
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